On nous indique souvent que l'image obtenue dans une lunette astronomique pourtant de plus petit diamètre, est plus piquée et nette que dans un télescope (plus gros diamètre).

Il est pourtant très difficile de pouvoir affirmer une telle chose, pour plusieurs raisons :

  • Il faut pouvoir comparer au même moment dans les mêmes conditions :
    En même temps, (plusieurs soirs d'affilé pour bénéficier de conditions de turbulence différentes), avec une excellente mise en température des deux instruments et une collimation parfaite des deux instruments.
  • Il faut les comparer à grossissement constant :
    Pour comparer une lunette ESPRIT 100 ED Pro (550mm de focale) et un MAK 180 (2700mm de focale) il vous faudrait par exemple un oculaire de 5mm sur la lunette et un oculaire de 24~25mm sur le Mak. Les deux oculaires doivent être de qualité comparable et de champ comparable, idéalement d'environ 60° au maximum pour ne pas utiliser des oculaires trop complexes.

La comparaison devra se faire sur les planètes, la Lune et quelques objets du ciel profond, à des altitudes différentes, et si possible au delà de 40° pour limiter les effets de la turbulence et du chromatisme atmosphérique.

Dés lors et dans des conditions rigoureusement indentiques, le télescope avec le plus grand diamètre doit systématiqmeuement montrer une image plus résolue et lumineuse. Si la turbulence est modérée il affichera toujours plus de détails que le petit instrument et plus facilement. Les couleurs doivent également être plus facilement discernables.

D'ordre général on aura plutôt tendance à pousser plus fort en grossissement avec le télescope qu'avec la lunette, il en résultera une image plus affublée de turbulence et parfois un trop fort grossissement pour les conditions atmosphériques présentes.

Oui mais vous comparez avec le même grossissement ce qui désavantage la lunette !

Effectivement une comparaison plus "noble" serait d'étager le grossissement des instruments eu égard à leur diamètre. Par exemple au grossissement résolvant. (100x pour la lunette avec un oculaire de 5,5mm environ) et 180x pour le télescope avec un oculaire de 15mm. Dans ce cas précis, le télescope doit continuer à montrer plus de détails (grossissement supérieur) mais il sera effectivement plus touché par les effets de la turbulence. Ceci étant on "casse" alors la règle de la comparaison stricte !

Je préfère personnellement une comparaison à grossissement constant car dire qu'un instrument est plus "puissant" qu'un autre avec une observation différente est à mon avis un non-sens.

On peut cependant affirmer qu'un instrument est meilleur qu'un autre si pour une image identique en termes de champ et de grossissement il y a plus de netteté, plus de couleur, de lumière et de résolution d'un coté que de l'autre.

En prenant l'analogie de la voiture, on ne compare pas une Renault à une Porsch en testant de 0 à 100km/h pour la Renault et de 0 à 300 pour la Porsch, on les compare toutes les deux de 0 à 100 km/h !

Le visuel à l'épreuve de la turbulence

Enfin, on notera toujours une prédominence des lunettes astronomiques par rapport à diamètre proche ou identique. L'absence d'obstruction centrale sur ces instrument les rend directement comparables voire supérieurs "visuellement" (observation planétaire par exemple) à des télescopes de diamètre jusqu'à 50% plus grand voire au delà pour les meilleures lunettes.

Le télescope étant plus soumis à la turbulence atmosphérique et moins "piqué" du fait de son obsturction centrale (strehl plus faible) l'observation pourra paraître en retrait par rapport à la lunette astronomique.

Régulièrement, on peut admettre qu'une excellente lunette de 130mm égalera voire surpassera un télescope de 200mm pour l'observation des surfaces planétaires. Une lunette de 150mm très haut de gamme pourra tout-à-fait se mesurer à un télescope de 250mm et offrir des images plus piquées sans problème...

La photographie comme maître arbitre de la résolution

La résolution étant liée au diamètre, l'imagerie planétaire numérique avec traitements successifs permet d'éliminer la turbulence et de s'affranchir du chromatisme atmosphérique (ADC). On obtiendra donc toujours de meilleurs images planétaires avec des diamètres plus importants.

La limite fondamentale en photographie astronomique planétaire étant le couple F/D - taille des pixels (quantité de lumière idéale par unité de surface), il apparaît immédiatement que plus le diamètre est élevé, plus l'image des planètes pourra être grande et offrir des détails nombreux.

Conclusion

Pour une utilisation visuelle, on n'en finira jamais de tergiverser : le télescope est plus puissant certes, mais la lunette et son piqué offrent une image plus "stable" et facile à résoudre pour l'oeil humain, on aura donc souvent une prédominence des lunettes pour le visuel planétaire à comparer avec des télescopes 1,5x à 2x plus larges en diamètre, et bien que souffrant d'un manque de luminosité sur les objets du ciel profond (à moins d'acheter des lunettes monstrueuses...) leur contraste restera toujours très agréable à l'oeil.

Pour une utlisation photographique planétaire haute résolution, le diamètre fait du télescope le choix idéal et à prix raisonnable, pour les amateurs de hautes résolution. Un C14 fera mieux qu'un C11 qui fera mieux qu'un C8 etc...

Toutes nos affirmations restent enfin à prendre avec des pîncettes car tout évolue beaucoup et vite et si les lois fondamentales de l'optique sont connues, les caractéristiques des matériels, oculaires, caméras etc... évoluent en permanence. Tout apparaît donc plus compliqué que "ma lunette 100mm est plus piquée que mon Mak 180mm".

Enfin nous précisons que les lunettes dont nous parlons ici ne sont que des lunettes haut (ou très haut) de gamme dont le prix avoisine parfois 10x le prix des télescopes équivalents. Cela peut mener à réfléchir aussi selon d'autres critères...