De nombreux clients nous demandent si telle ou telle lunette ou instrument est "bon".
Il est toujours très compliqué de répondre à une telle question sans être trop technique, sans comparer avec des instruments de mesure, ou trop commercial, ou enfin, sujet à controverse...
Comment dire qu'une lunette ou qu'un télescope sont "bons" ?
Une lunette astronomique c'est deux choses avant tout :
- Une qualité mécanique
- Une qualié optique
Optiquement, si nous indiquons "APO" sur nos pages c'est que la qualité optique de base est très bonne avec une réfraction sans aberration de chromatisme, du moins dans les normes de ce qu'on considère habituellement comme une lunette "APO". Vous n'aurez donc pas de gros liserets colorés disgracieux sur vos images. Lorsque nous indiquons "ED" dans nos textes et inscrivons "semi-apo" par exemple, alors il reste un peu de chromatisme et on n'est clairement pas dans le cadre d'une APO. Enfin les lunettes achromatiques sont de simples doublets qui auront en général un chromatisme important.
Mécaniquement, si nous vendons un instrument sur notre site, c'est nécessairement qu'il est "bon" mécaniquement. On pourrait nous répondre "oui mais vous vendez des lunettes 70/700 de débutant" !!
La réponse est simple : nous vérifions toujours qu'un matériel vaut son prix et ne vendons que les meilleurs produits des catalogues dés lors que nous voyons objectivement qu'à un prix équivalent il n'y a rien de fondamentalement meilleur. Pour une lunette à 2000 ou 3000 euro, il est bien évident que nous attendons une qualité mécanique excellente voire irréprochable bien supérieure à une lunette à 200 euro.
Enfin lorsqu'on a des warning (clients mécontents, soucis de SAV, etc...) récurrents sur un produit, nous n'hésitons pas à en arrêter la distribution. D'ordre général cependant nous constatons que, en permanence, les fabricants chinois/taiwanais améliorent leurs productions d'une année sur l'autre et qu'à prix équivalent, ils offrent quasiment toujours la meilleure qualité.
Les résultats obtenus sont ils à la hauteur ? Les forums disent ceci et cela...
Quand on sait que 80% de la qualité finale d'une image dépend de tout autre chose que de l'instrument lui-même (réglages, suivi, mise au point, ajustages mécaniques, bonne concordance des accessoires, bonne monture, bon guidage, bon paramétrage de la caméra, logiciels performants, qualité des filtres, maitrise des traitements et pré-traitements, bonne capture et utilisation de toutes les images préparatoires dark, flat, offset)...
La liste serait sans fin, donc objectivement il est compliqué de dire "telle personne a de mauvais résultats c'est donc un mauvais instrument". Nous avons déjà vendu des instruments proches de la perfection pour lesquels les utilisateurs étaient déçus... et parfois des matériels très basiques (Sky-Watcher etc...) qui enchantent les utilisateurs... mais après 30 ans d'astronomie amateur ou pro, je reste persuadé que ce n'est pas la lunette qui fait l'image finale...
Dés lors qu'on a une mécanique et une optique correctes et sans "défaut" majeur bien entendu, le reste appartient à l'utilisateur.
Oui mais est-ce un bon rapport qualité/prix ?
Effectivement le facteur prix joue beaucoup sur la perception de qualité : pour une lunette à 3000 € on s'attend une certaine perfection pour une lunette chinoise, pourtant rien ne l'est, même pas une lunette de très grande marque pratiquement deux à trois fois plus cher à diamètre équivalent que les meilleures lunettes chinoises...
La réalité est qu'aucun matériel n'est "magique", tout est fabriqué en usines par des humains et avec nécessairement des défauts. D'ailleurs certains posts sur des forums montrent que les utilisateurs des lunettes très haut de gamme de grandes marques n'ont pas tous que des compliments à en dire...
Personnellement pour déterminer si un instrument est bon je regarde
- la qualité optique
- la qualité mécanique
- le prix (rapport qualité/prix donc) et ce qu'on a d'autre sur le marché à ce prix-là qui pourrait être éventuellement meilleur...
Ensuite, les instruments (hormi les petits instruments en plastique) sont vérifiés chez nous avant expédition dés lors qu'on pourrait avoir des défauts sur un modèle en particulier, ce qui permet d'éviter trop de déconvenues. D'ordre général notre expérience des instruments (je pense avoir vu défiler un peu tout ce qui existe au catalogue...) nous permet de recommander tel ou tel instrument sans trop nous tromper, en fonction du budget bien entendu.
Enfin si un matériel ne correspond pas à son prix, je ne le propose pas tout simplement, ou j'en suspens la vente, parfois je me permets d'indiquer des "warning" sur la page du produit, ce qui peut avoir pour effet d'améliorer la production. Nous avons aussi l'habitude de proposer des produits sur notre site parce-que des clients nous les ont chaudement recommandés plutôt que par envie de mettre tout et n'importe quoi sur le site...
Mais si on est déçu quand même ?
Encore une fois, nous avons déjà rencontré des utilisateurs qui ont été déçus de matériels très performants avec un rapport qualité/prix imbattable. Il faut alors se poser la question de l'usage ! Le bon instrument est celui qui fait bien ce qui vous intéresse avant tout et non pas l'instrument dont d'autres vous ont venté les mérites (à moins qu'ils aient les mêmes usages que vous). Une excellente lunette ne sera pas adaptée à tous les usages, un Schmidt-Cassegrain n'est pas un mauvais instrument, Un Maksutov n'est pas uniquement dédié à l'observation des planètes et un Newton n'est pas non plus un excellent instrument à tout faire... Nous vous recommandons de rester objectif sur le prix. Si une lunette est 5 ou 10% moins performante qu'une lunette concurrente 4 fois plus chère, il appartient au client de décider si l'écart lui semble justifié, y compris si ces écarts ne sont pas nécessairement visibles sur le ciel.
J'ajouterai qu'hélas certains utilisateurs ne sortiront jamais aucune image avec le meilleur matériel du monde là ou d'autre avec deux vis et trois bouts de scotch sortent des merveilles (je caricature volontairement mais c'est très vrai)... Et d'insister sur la nécessité de se former, d'apprendre auprès de clubs ou d'organismes de formation (A.I.P etc...) de lire beaucoup et surtout les bouquins récents (du fait de l'évolution permanente des matériels). L'informatique en particulier pose énormément de problèmes avec une complexité de mise en œuvre toujours plus grande, malgré les nouvelles tendances Linux et mini-ordinateurs embarqués. En d'autres termes le problème n'est pas lié nécessairement au matériel, au logiciel ou à l'utilisateur mais à l'ensemble des éléments qui concourent à l'obtention d'une "bonne" image, chose qui demande avant tout du TEMPS.
Enfin, je pense nécessaire de suivre un certain cheminement de pensée, d'apprentissage et d'humilité parfois, et d'adopter un comportement expérimental rigoureux voire scientifique dans l'approche de l'astro-photographie. Une bonne méthodologie consistera à progresser au fur et à mesure que les problèmes se posent et à les résoudre par essais successifs, expérience, échanges avec d'autres et surtout ténacité !
Notre recommandation ?
La plupart des utilisateurs débutent avec un télescope de Newton. Peu cher, performant par son diamètre et son optique réflective, il séduit par son rapport performances/prix largement meilleur que les autres instruments.
Par la suite, les astrophotographes "migreront" vers un ou plusieurs instruments complémentaires, par exemple une petite lunette astronomique pour le ciel profond et un Mak ou un Schmidt-Cassegrain pour les moyens/petits objets et les planètes. Acheter une bonne monture est une base absolue de l'astro-photographie sur laquelle on construit tout le reste, elle est donc la pièce maitresse à notre avis.
L'instrument idéal n'existant pas, nous recommandons d'associer 2 instruments très complémentaires, et une bonne paire de jumelles pour une pratique efficace. Par contre, revendre un Schmidt pour acheter une petite lunette est discutable... Pour utiliser une analogie qui parle beaucoup, ce serait un peu comme vendre un camion pour acheter une clio ! La réalité est qu'il faut le camion lorsqu'on en a besoin et la clio pour se balader...