On nous demande souvent pourquoi malgré le guidage (autoguidage) de la monture, on a encore des "bougés" (filets) d'étoiles sur les photos.

Les causes sont très nombreuses mais une certaine méthodologie doit permettre de résoudre ce problème.

La mise en station

Elle est essentielle !!! Une très bonne mise en station limitera les dérives et facilitera le guidage. Vérifiez toujours que votre mise en station est la plus correcte possible.

La mécanique

Tout d'abord vérifiez mécaniquement votre monture, et tentez, si possible, de minimiser les jeux mécaniques partout où c'est possible. Le "bon réglage" est celui qui consiste à obtenir les jeux les plus faibles, avec un fonctionnement et une rotation fluide de tous les éléments mécaniques de la monture (transmission, vis sans fin / couronne...)

Une fois le matériel en station, Vérifiez le mieux possible votre mise en station polaire et vérifiez le cas échéant le réticule du viseur polaire.

Ensuite, vérifiez l'équilibrage, vérifiez que vous gardez toujours un peu plus de poids à l'Est si possible (pour avoir un léger rappel sur la VSF en AD). De même au fil de la soirée, si votre dérive va plutôt vers le SUD, ajoutez un peu de charge en déclinaison coté NORD (et inversement).

Si vous utilisez un appareil photo numérique type Canon ou Nikon à miroir reflex, vérifiez que vous effectuez bien la relève du miroir séparément de la pose (paramètres du boitier).

Pour toutes les solutions d'imagerie, vérifiez 15 fois que tous les éléments mécaniques (et pas que la monture) sont bien stables et sans flexions (porte-oculaires, bagues diverses, colliers, platines, bagues rotatives etc...) la moindre flexion aura des conséquences sur votre guidage ! Vérifiez que le trépied est bien stable, que la monture est bien "serrée" (les diverses vis de blocage) et que l'entretoise du trépied est bien ajustée aussi. La plupart des trépieds étant pliables ils sont "mous", il faut les rigidifier en serrant bien (mais pas trop quand même) de sorte d'obtenir une bonne rigidité (sans tout casser quand même)...

Refaites la mise au point régulièrement ! De petites erreurs de guidage "passent" mais une mise au point imparfaite c'est autre chose... La mise au point de la caméra de guidage est moins cruciale, vous pouvez tolérer un très léger "flou" qui "stabilisera" l'étoile vis à vis de la turbulence et vous donnera parfois une meilleure précision de guidage qu'une étoile guide très fine et très bien mise au point. Les algorithmes de guidage calculent le centroïde de l'étoile guide. Une étoile qui ferait 1 pixel ne permettrait pas de calculer le centroide. Une étoile de plusieurs pixels de large permet de calculer des centroides avec une grande précision. Utiliser le guidage à étoiles multiples, cela moyenne les défauts de guidage en réduisant le "bruit" de lecture.

Une fois éliminé le soucis de la mécanique, vérifiez l'électronique !

L'électronique

Vérifiez que tous vos firmware sont à jour. Lorsque le suivi de la monture est activé, vérifiez (à l'oreille, au doigt, à l'oeil) que vous n'entendez pas des a-coups ou des disfonctionnements ou des phénomènes très brefs et irréguliers qui pourraient signifier un problème de suivi flagrant. Si vous entendez des craquements ce n'est pas normal :-)

Vérifiez que les paramètres de vitesse de guidage sont bien ajustés dans la raquette de la monture (nous recommandons de ne pas utiliser de vitesses supérieures à 0,5x la vitesse sidérale).

Désactivez toute forme de gestion des backlash dans la raquette de la monture, ces paramètres ne font qu'ajouter des problèmes !!! Mettez-les à 0.

Privilégiez le guidage via ASCOM / Pulseguide (ou autre solution via la liaison informatique) plutôt que le guidage ST4 (prise autoguidage de la monture).

Vos paramètres de guidages

Une fois éliminés les problèmes mécaniques et électroniques de la monture, il faut ajuster finement les paramètres de guidage. On guide souvent "trop fort" et on aura même tendance parfois à abimer le suivi par un guidage trop agressif. Du coup, sauf gros bruit "ignoble" des moteurs ou autre, ajustez vos paramètres de guidage, et ne tentez pas de "chasser" la turbulence. Si celle-ci est trop forte vous n'y pourrez rien. Le bon réglage consistera à guider les erreurs de suivi de la monture, pas la turbulence.

Faites une calibration systématiquement ! A chaque changement d'objet ciblé et même parfois plusieurs fois si les poses se prolongent sur plusieurs heures. Utilisez des ordres de calibration relativement élevés pour maximiser la qualité des paramètres. Si vous êtes obligé de diminuer énormément l'agressivité du guidage, c'est sans doute quelque chose ne va pas dans les paramètres.

Adaptez ensuite vos paramètres de guidage en fonction de la turbulence et de l'altitude de l'objet. Chaque nuit est différente, et les paramètres doivent être adaptés au cours d'une même nuit.

Le choix de l'étoile guide

Vaste sujet !!! Choisissez une étoile proche du champ image ou dans le champ image. Notez qu'une mise en station imparfaite entraine une rotation de champ pendant le guidage, dont le centre est matérialisé par l'étoile guide. Si cette étoile est située loin du champ image, les étoiles seront déformées en arc de cercle d'autant plus que l'étoile est éloignée du champ et que la mise en station est mauvaise.

Testez et identifiez l'axe qui pose problème

Idéalement, au cours de vos tests, placez votre caméra d'imagerie de telle sorte que l'AD soit horizontal et la DEC en verticale sur le capteur, afin de pouvoir déterminer dans quelle direction le "bougé" est ressenti.

Si c'est en AD il faut ajuster le guidage et analyser l'erreur périodique de la monture, si c'est en DEC, il faut vérifier tous les paramètres, vérifier le jeu mécanique, vérifiez l'algorithme de guidage utilisé et peaufiner la mise en station.

Mesurer l'erreur périodique

Le "top" pour comprendre les soucis de guidage, sera d'enregistrer une EP sans autoguidage, sur une étoile proche de 0° de déclinaison et un peu avant le méridien, pour voir ce qui se passe "de base" sans rien toucher.

Pointez une étoile guide et préparez-vous comme pour autoguider normalement. Il faut ensuite lancer le log et dire à PHD (paramètres) de ne pas envoyer les ordres de guidage, ou bien, après le calibrage, débrancher simplement le câble ST4 et enregistrer l'EP sans autoguidage.

Mesurer l'EP est le seul véritable moyen de voir si il y a un truc qui cloche ou un "pic" très fort dans le suivi d'une monture. Le soucis est que, quand on fait cela dehors, on est soumis à "tout" (turbulence, thermoclines, flexions méca et optiques etc...) donc on ne mesure pas que "strictement" la mécanique de la monture.