Le retournement au méridien...

Lorsque vous utilisez une monture équatoriale, vous vous rendez compte rapidement que la monture "sait" pointer le télescope à l'Est, ou à l'Ouest, mais que cela implique un retournement de l'instrument. Ce "retournement" au méridien (axe de séparation vertical entre l'Est et l'Ouest) s'effectue également de façon automatique lorsque la monture atteind sa limite sur une cible qui passe d'Est en Ouest.

...entraine une erreur de pointage liée à l'erreur de cône

Lors du retournement au méridien, normalement l'objet qui était pointé avant le retournement doit rester pointé après. On se contente d'inverser l'instrument selon un tour complet, on ne devrait donc pas "perdre" le pointage. On constate cependant que l'objet sera décalé dans le champ, c'est ce que l'on appelle une erreur de cône. Il s'agit d'un défaut d'orthogonalité entre l'axe optique réel de votre solution photo ou visuelle, et l'axe mécanique réel (DEC) de la monture (on pourra aussi dire défaut de parallèlisme par rapport à l'axe AD). Pour faire simple, les axes optiques et mécaniques ne sont jamais confondus, et d'ailleurs cela peut évoluer assez fréquemment, au fil des accessoires utilisés, du montage de l'instrument, du changement de platine, ou simplement de la collimation ! En effet, collimater c'est forcément faire "bouger" l'axe optique. L'ajout d'un simple renvoi-coudé légèrement déréglé (cas général) peut induire une erreur de cône.

La constatation de l'erreur de cône se fait généralement au moment de la synchronisation (initialisation) sur le ciel avec 3 étoiles. Il est recommandé de pointer à minima 2 étoiles de référence d'un coté du méridien et 1 étoile de l'autre coté. La monture peut alors calculer les erreurs de mise en station éventuelles et l'erreur de cône. Nous vous recommandons cependant de ne pas trop tenir compte de ces  valeurs trop dépendantes de l'opérateur et des autres facteurs mécaniques et optiques pour être vraiment "justes".

Vous pouvez cependant assez fortement améliorer la précision des pointages "Go-To" de votre monture en ajustant l'erreur de cône et en la réduisant.

Cete procédure consistera à diminuer l'écart entre l'axe mécanique de la monture et l'axe optique du télescope ou de la lunette.

Procédure de réglage de l'erreur de cône (de jour)

Au préalable, assurez-vous à l'avance que l'instrument soit parfaitement collimaté afin de faire vos réglages mécaniques par rapport à un axe optique "juste" ;-) en effet en astronomie on recherchera la précision un peu partout, mais inutile d'ajuster l'erreur de cône si à la base l'instrument n'est pas réglé, que la monture a des jeux de partout et que rien ne va... En bref, l'erreur de cône n'est pas le premier réglage à faire ;-).

1. Placez votre monture équatoriale de sorte d'obtenir une stabilité maximale (trépied etc...) pour éviter au maximum les flexions. Ne démarrez pas le suivi sidéral, vous n'avez pas besoin de brancher quoi que ce soit (alim, raquette...)

2. Positionnez l'ensemble des matériels et accessoires que vous utilisez habituellement de sorte d'obtenir un ensemble cohérant par rapport à votre utilisation "nocturne"

3. Orientez la monture de sorte de pouvoir pointer un objet relativement lointain à l'horizon, barre de contrepoids à l'horizontale, contrepoids sur la droite par exemple. (pointez par exemple la cime d'une montagne. Utilisez de préférence un bon oculaire réticulé ! Vous utiliserez les molettes d'ajustement d'azimuth pour pointer l'objet horizontalement, et l'axe DEC pour la verticale. Placez le plus précisément possible votre objet de référence au centre de l'oculaire réticulé.

4. Sans toucher la position de la monture, désserrez les axes AD et DEC puis pointez de nouveau la cime de la montagne (ou le sujet de votre choix) en plaçant la barre de contrepoids à l'horizontale de l'autre coté (gauche dans notre exemple). Ajustez la déclinaison de sorte d'avoir l'objet bien centré en hauteur. Vous constaterez que l'objet n'est pas centré dans le sens horizontal.

5. Ajustez l'écart entre le collier avant (ou arrière selon) de l'instrument et la queue d'aronde de sorte de diminuer de moitié cet écart de pointage.

6. Recommencez à l'étape 3 et voyez si l'erreur a disparu, ajustez votre réglage si besoin de nouveau.

Lorsque l'erreur de cône est quasiment nulle, notez que le réglage peut changer dans le temps, suite à une collimation par exemple, ou si vous placez le télescope en inversant la position des molettes de la platine femelle de la monture par rapport à la queue d'aronde etc.. tous les éléments mécaniques et optiques rentrent en compte !

Le schéma ci-dessous montre le positionnement du télescope pour le pointage.

ErreurDeCone

Comment effectuer le réglage ?

Le réglage s'effectue donc en ajustant l'écartement entre les colliers et la queue d'aronde. On effectuera à chaque itération la correction de la moitié de l'erreur de pointage constatée seulement. En effet le retournement au méridien provoque une erreur de pointage d'une amplitude double par rapport à l'angle à corriger.

On pourra utiliser de petites cales à placer entre les colliers et la queue d'aronde. Sur de nombreux instruments Sky-Watcher, il y a des vis poussantes de chaque coté des queues d'aronde, qui permettent cet ajustement. Si votre télescope n'en dispose pas ou si la queue d'aronde est directement fixée au tube c'est plus compliqué (cas des télescopes Maksutov par exemple) auquel cas bien souvent ce réglage vous sera impossible. Sur les Schmidt Cassegrain Celestron on peut toujours desserrer la ou les vis de la queue d'aronde et placer une petite cale.

Notez que l'erreur de cône est d'autant plus critique et pénalisante que la focale de l'instrument est longue. Ne vous embêtez pas à la régler si la focale est inférieure à 400mm. Certes vos pointages seront un peu "off" mais pas de quoi justifier des ajustements compliqués et bricolages éventuels.

La photo ci-dessous montre les vis d'ajustement des queues d'aronde Sky-Watcher :

Platine