Vous nous demandez fréquemment s'il est plus intéressant de guider à l'OAG (diviseur optique) ou à la lunette guide en parallèle. En fait, et comme d'habitude, la réponse est plus complexe qu'il n'y paraît car il n'y a pas de solution parfaite et il n'y a pas de "vérité absolue" comme ailleurs en sciences... En bref, pour bien autoguider il n'y a pas de mieux ou de moins bien, voyons donc dans quelles circonstances privilégier l'une ou l'autre solution !
L'OAG :
Le diviseur optique a l'avantage de "voir" tous les bougés que le capteur d'imagerie verra, et donc de procurer systématiquement les meilleurs résultats de guidage, si tant est qu'il soit bien rigide lui-même. Il a cependant le défaut d'être dans la chaine optique et donc de contraindre le cadrage de la caméra voire le pointage du télescope à la recherche d'une étoile guide, d'autant plus contraignant que la focale est longue, je le recommande donc jusqu'à un maximum de 1000mm. Il engendre un tirage supplémentaire, compatible généralement avec les caméras astronomiques mais incompatible (à de rares exceptions) avec un appareil photo numérique reflex par exemple. L'OAG devra pouvoir "tourner" sur l'axe optique pour rechercher des étoiles guides et il devra pouvoir être ajusté en position (prisme), toujours pour rechercher une étoile guide. Il faut bien s'imaginer qu'un OAG utilise un prisme d'à-peine quelques millimètres et n'aura qu'une toute petite potion d'image à offrir au capteur de la caméra de guidage, elle-même généralement équipée d'un capteur minuscule... Il est parfois impossible de modifier le cadrage de la chaine optique, ou bien le cadrage de l'OAG ne correspondra pas au cadrage "idéal" de l'objet imagé...
Un dernier petit point négatif de l'OAG est l'ajout de poids sur le porte-oculaires de votre instrument. Cela n'a l'air de rien mais on arrive parfois à des solutions photo dépassant le Kg, ce qui peut être rédhibitoire pour des porte-oculaires "de base" par exemple.
Pour conclure rapidement sur l'OAG, nous pouvons dire qu'il offrira les meilleures performances, et sera recommandé et facile à mettre en œuvre sur des instruments lumineux (newton, lunette) à focale relativement faible (inférieure à 1000mm). Les contraintes qu'il apporte avec lui sont aussi importantes que ses qualités et beaucoup de monde abandonne l'idée quand la solution photo ne s'y prête pas. Nous le recommandons pour les solutions photo ciel profond dans les régions du ciel riches en étoiles, pour l'imagerie des grandes nébuleuses par exemple. L'OAG est à notre avis le maître-choix pour les lunettes de petite taille type FRA300, FRA400, FRA500, FRA600 par exemple ou autres lunettes astrographes. Elles offrent un champ corrigé immense, une excellente luminosité et vous aurez fréquemment et facilement des étoiles guides dans le champ de la caméra sur l'OAG.
L'OAG devrait être LA solution de guidage pour les instruments à longue focale, car il est le seul à offrir de telles performances de guidage, mais il est d'une complexité d'utilisation parfois impossilbe à résoudre quand la focale (et/ou le rapport F/D) est importante.
La lunette guide :
La lunette guide est préférable pour les endroits du ciel ou il y a relativement peu d'étoiles pour guider, et/ou les instruments dont la focale rend difficile l'OAG. Elle a cependant l'inconvénient d'avoir de possibles flexions différentielles entre la caméra imageuse et la caméra de guidage. Ces flexions sont d'origines multiples et parfois cumulées, par exemple le "flop" du miroir primaire (télescope catadioptrique) ou autres petites flexions du porte-oculaires (tous types d'instruments), de telle ou telle platine, du tube optique lui-même de la lunette guide ou de l'instrument principale etc... L'inconvénient majeur de la lunette guide est de la monter sur un instrument (platines, colliers, anneaux divers, adaptateurs etc...) mais l'avènement des mini-guideurs de 60mm ou 50mm qui sont proches de la taille de gros chercheurs a beaucoup diminué la difficulté de cette adaptation. La plupart des lunettes guides modernes se fixent à vos télescopes à la place du chercheur par exemple.
La lunette guide offre l'immense avantage d'avoir une focale très courte et d'être décorrélée de l'image principale, en étant montée dans des anneaux de guidage à décentrement. On peut donc facilement et très librement trouver l'étoile guide de son choix, voir guider en "multi-star" ce qui offre une meilleure précision encore qu'une étoile seule. Notez qu'il est recommandé de trouver son étoile guide dans le champ image ou non-loin du champ image afin de limiter les effets de rotation de champ éventuels autour de l'étoile guide.
Enfin, si le différentiel entre la focale imageuse et la focale de guidage est trop important, vous pouvez agrémenter la lunette guide d'une petite Barlow 2x (pas un modèle hors de prix, une Barlow de base suffira !!) cependant, d'expérience, on peut guider des télescopes avec une focale 4x à 5x supérieure à la focale de l'instrument guide. (d'où l'idée des mini-guideurs...)
Étrangement, pour les petits instruments, ce sont les lunettes guide et mini-guideurs qui sont souvent privilégiés par les astronomes amateurs car plus simples à utiliser, et avec assez peu de risques de flexions différentielles sur d'aussi petites focales, mais l'OAG restera meilleur en offrant le guidage le plus précis si le porte-oculaires de l'instrument le supporte.
Alors que choisir ?
Pour simplifier nous pouvons dire que l'OAG est à privilégier quand vous imagez des nébuleuses dans des endroits qui "pullulent" d'étoiles pour guider, et la lunette guide pour les endroits du ciel plus pauvres en étoiles là où, par exemple, vous imagerez des galaxies un peu "perdues". Idéalement il faudrait pouvoir disposer des 2 solutions et utiliser la plus adaptée aux circonstances actuelles d'imagerie, d'instrument imageur et de champ photographié.
La conclusion ici sera hélas que le meilleur système de guidage c'est ... les 2 mon capitaine !
Le fait d'avoir 2 solutions de guidage permet une grande flexibilité et de s'adapter sans dogme aux conditions de prise de vue et aux résultats constatés, que ce soit instrumental, environnemental ou du simple choix de la cible à imager. Fut un temps, les solutions de guidage étaient inabordables, désormais un OAG et une lunette guide coutent quelques centaines d'euro, cela reste une somme importante mais bien plus abordable que de rester "en panne" des nuits entières à galérer pour trouver une étoile guide...
Cas particulier des télescopes catadioptriques
Les télescopes catadioptriques type Schmidt-Cassegrain ou Ritchey-Chretien dans une moindre mesure, ont une focale longue, voire très longue, avec un rapport F/D assez défavorable, et des temps de pose à considérer très élevés (dus au F/D). Il en résulte un plus grand nombre de difficultés pour guider correctement car :
- Il est difficile de guider en parallèle sans flexion du miroir primaire ni sans soucis liés aux grands écarts de focale imageuse/guideuse
- Il est difficile voire impossible d'utiliser un OAG tant le champ est petit et la lumière relativement faible
- Les correcteurs/réducteurs ont souvent des contraintes importantes pour le guidage / cadrage
- Les étoiles éloignées du centre image ressemblent souvent plus à des pâtés qu'à des étoiles, ce qui peut gêner considérablement le logiciel de guidage
- Seul l'OAG offre une solution satisfaisante pour guider certaines focales
Avec des contraintes qui s'opposent dans tous les sens, il faudra s'armer de patience, et vraiment peser les avantages et inconvénients de ces deux solutions, pour trouver la solution la plus adaptée à VOTRE usage, plutôt que de croire tel ou tel avis sur la question. Nous recommandons plutôt le guidage en parallèle sur ces instruments pour des raisons de praticité mais l'OAG donnera les meilleurs résultats lorsqu'on aura la chance de trouver une étoile guide...
De l'importance de la caméra de guidage...
Nous recommandons d'utiliser le plus possible des caméras de guidage équipées de capteurs monochromes performants si vous utilisez un OAG. Plus vous avez de contraintes optiques, plus le capteur et ses performances sont importants et devront être pris en compte. Des photosites (pixels) plus performants, et plus grands sont toujours à privilégier pour un OAG.
Si vous utilisez une lunette guide, une simple ASI120Mini par exemple suffira !