L’astrophotographie est une discipline exigeante qui nécessite une compréhension technique du matériel utilisé. Cependant, il est aujourd’hui possible de commencer avec des configurations simples, accessibles et évolutives.
1. Systèmes tout-en-un automatisés
Pour ceux qui souhaitent débuter très facilement, sans avoir besoin d'apprendre des techniques complexes, les télescopes automatisés sont une très bonne solution. Ces instruments intègrent un tube optique, une monture azimutale motorisée, une caméra CMOS, ainsi qu’un système de traitement et de pilotage via application mobile.
Ce type de matériel permet d’acquérir des images du ciel profond de manière totalement automatisée, sans intervention sur la mise en station ou le traitement initial. Il s’agit d’une solution fermée, très simple d’utilisation, mais qui ne permet pas d’évolution vers une configuration plus avancée, ni d’apprendre les bases techniques de l’astrophotographie traditionnelle.
1.1 SeeStar S30 ou SeeStar S50
- Tube optique intégré à une monture alt-azimutale motorisée Goto
- Caméra CMOS intégrée avec traitement d’image embarqué
- Système complet y compris la mise au point et la photographie
- Pilotage via application mobile
- Alignement et suivi automatisés
Avantages :
- Tout petit prix pour débuter sans se ruiner
- Aucun câblage ni aucun matériel à ajouter de base (bien que de nombreux accessoires existent)
- Aucun alignement manuel requis
- Très rapide à mettre en service
- Excellent rapport performances/prix
- Maintenance nulle
- Résultats immédiats et traitement des photos possible sur des logiciels Astro' (PixInsight, Siril etc...)
Limites :
- Système fermé (pas de changement d’optique ni de caméra, pas d'upgrade possible)
- Performances limitées à une approche grand public
1.2 Origin Celestron
- Système tout-en-un
- Optique Schmidt-Cassegrain EdgeHD 6'',
- Monture alt-azimutale motorisée
- Caméra CMOS intégrée avec traitement d’image embarqué
- Pilotage via application Celestron
- Traitement d’image automatisé basé sur de l’empilement en temps réel et des algorithmes de correction
- Export possible en format FITS, JPEG, PNG
- Batterie intégrée, fonctionnement autonome sans PC ni câbles
Avantages :
- Optique plus puissante (focale longue, plus adaptée aux objets compacts : amas globulaires, galaxies)
- Système robuste et ergonomique, conçu pour un usage nomade
- Possibilité d'évoluer vers un mode équatorial en ajoutant une platine (wedge) Celestron
Limites :
- Coût très élevé pour une solution fermée
- Pas de possibilité d’ajouter un guidage externe, ni de modifier l’optique ou la caméra
- Fonctionnement uniquement via l’écosystème Celestron (non compatible avec les logiciels tiers)
2. Setup photographique avec appareil photo
Les appareils photo numériques de type reflex ou hybrides, associés à une monture équatoriale motorisée, permettent une approche photographique plus manuelle mais également plus formatrice. Cette configuration est idéale pour les utilisateurs souhaitant apprendre à gérer la prise de vue (mise en station, composition, suivi, temps de pose) tout en conservant une solution légère et polyvalente. Elle permet de faire des photos de qualité avec un investissement modéré et une courbe d’apprentissage progressive. Un très bon compromis pour s’initier au suivi équatorial et à l’imagerie grand champ.
Reflex / hybride + objectif photo + monture équatoriale compacte (type Star Adventurer GTi)
- Appareil photo reflex ou hybride (APS-C ou plein format)
- Objectif (idéalement f/2.8 à f/4, focale entre 50 et 135 mm)
- Monture équatoriale Star Adventurer GTi
- Trépied livré d'origine avec la Star Adventurer GTi ou autre trépied photo bien rigide
- Peut être amélioré par un système d'autoguidage en parallèle :
Platine TSGuideMount, lunette guide ZW30F4 ou ZW30F5 et caméra ASI120Mini
(nécessite un PC pour fonctionner)
Avantages :
- Solution légère et facilement transportable
- Polyvalente (possibilité de l’utiliser également pour la photo diurne)
- Compatibilité avec des applications de planification type Stellarium, NINA, etc.
- Possibilité d’ajouter un petit télescope ou une lunette légère par la suite
Limites :
- Mise en station équatoriale nécessaire
- Pas de guidage (sauf si vous utilisez le système d'autoguidage en parallèle)
3. Configuration évolutive sur lunette astronomique
Cette configuration s’adresse aux utilisateurs souhaitant s’initier à l’astrophotographie du ciel profond avec un véritable instrument astronomique. Elle constitue une base sérieuse, capable d’évoluer vers des systèmes professionnels. Elle nécessite de maîtriser certaines notions techniques (mise en station, équilibrage, traitement d’image) et d’investir un peu plus de temps à chaque session. L’intérêt de ce montage est sa modularité : chaque élément peut être remplacé ou amélioré indépendamment selon l’évolution des besoins.
Exemple : lunette ED 72 mm + correcteur de champ + APN + monture équatoriale type EQM-35 Pro
- Lunette apochromatique 72ED
- Correcteur de champ dédié (champ plat pour capteur APS-C)
- Boîtier reflex/hybride ou caméra d’entrée de gamme
- Monture équatoriale motorisée type EQM-35 Pro avec Go-To
Avantages :
- Optique de qualité compatible avec les capteurs modernes
- Monture évolutive : autoguidage, compatible ASIAIR, PC
- Configuration équilibrée pour des poses longues sur objets du ciel profond
- Peut être amélioré par un système d'autoguidage en parallèle :
lunette guide ZW30F4 ou ZW30F5 et caméra ASI120Mini
Limites :
- Mise en station plus exigeante
- Nécessite une attention au poids total
- Temps de mise en œuvre plus long
4. Évolution vers une configuration "pro"
Une fois les bases de l’astrophotographie maîtrisées avec un appareil photo et/ou une lunette d’entrée de gamme, il devient pertinent de faire évoluer le matériel vers une configuration plus performante. Cela passe généralement par le remplacement de l'appareil photo par une véritable caméra astro' refroidie, l’ajout de filtres photo dédiés, la mise en place d’un système d’autoguidage, d'un moteur de mise au point et, à termes, l’automatisation des prises de vue.
4.0 Bien choisir son prochain instrument
En tout tout premier lieu, le choix de l'instrument est crucial car il déterminera la focale et donc le type d'objets que vous pourrez photographier.
La lunette ou le télescope dont donc être sélectionnés avec soin. Nous avons fait un article à propos de ce choix cornellier ici !
Vous devrez l'assortir d'une monture capable de bien supporter la charge utile du télescope et de ses accessoires ainsi que de tout l'acastillage nécessaire à l'astro-photographie (bandes chauffantes, câbles, système de mise au point divers etc...)
4.1 Passage à la caméra refroidie
- De toutes les évolutions possibles, la caméra refroidie est sans doute la plus spéctaculaire.
- Caméra monochrome ou couleur refroidie (type CMOS) par exemple ASI2600MC-P
- Possibilité de régler la température, le gain, le temps de pose et tous les paramètres de la caméra
- Capteurs ultra-sensibles, bruit thermique réduit grâce au refroidissement actif
- Contrôilé via logiciel de capture (ASIAIR, NINA, SharpCap, etc.)
4.2 Système de filtres
- Roue à filtres motorisée (recommandée pour les caméras monochromes)
ou un support-filtres à tiroirs (recommandé pour les caméras couleur) - Filtres LRGB, SHO, anti-pollution lumineuse divers :
pour bien choisir vos filtres vous pouvez consulter notre dossier qui parle spécifiquement des fltres ! - Configuration à étudier spécifiquement en fonction de la caméra choisie et du type d'objets qu'on souhaite photographier.
4.3 Autoguidage
- Lunette guide (30à 60 mm de diamètre)
- caméra de guidage dédiée (CMOS type mini)
4.4 Système de contrôle automatisé
- ASIAIR Plus / Mini : solution compacte, pilotage via application, compatible avec toutes les caméras ZWO et la plupart des montures
- Mini PC / Raspberry Pi / Ordinateur portable avec NINA ou Ekos
- Gestion des séquences, du dithering, du guidage, du focus et de la mise au point automatique (motorisation optionnelle type EAF)
Conclusion & Recommandations générales
Avant d’investir dans du matériel ou de planifier des évolutions, il est important de respecter un certain nombre de principes techniques fondamentaux. Ces recommandations générales permettent d’éviter des erreurs classiques, de préserver la stabilité mécanique du système, et de maximiser la qualité des résultats obtenus dès les premières séances.
- Stabilité de la monture : la qualité du suivi est déterminante, il est recommandé d’investir d’abord dans une monture fiable.
- Mise en station : un bon alignement polaire est crucial, l'utilisation d'un viseur polaire ou d'un logiciel de calibration recommandé.
- Acquisition d’expérience : commencer avec des temps de pose courts, apprendre à gérer la mise au point, le traitement et la calibration.
- Poids de la configuration : toujours respecter les limites mécaniques de la monture avec une marge (70 % de la charge utile maxi).
Le choix d’une configuration pour débuter dépend de plusieurs facteurs : budget, niveau technique initial, objectifs personnels (visuel, photo, planétaire ou ciel profond), portabilité souhaitée, etc. Il n’existe pas de solution universelle. L’astrophotographie est une discipline progressive, qui repose sur la compréhension et la maîtrise de nombreux paramètres. Il est inutile de viser trop haut dès le départ : un système simple, bien maîtrisé, donnera de bien meilleurs résultats qu’une configuration complexe mal exploitée. Ce document fournit une base concrète pour démarrer dans de bonnes conditions et faire évoluer sa pratique selon ses objectifs à moyen ou long terme.